On
pourrait éviter la majorité des crises cardiaques en arrêtant le
tabac, en adoptant une alimentation saine et en pratiquant une
activité sportive régulière.
On
a vaincu l'infarctus. Enfin, presque. À condition de faire quelques
efforts, 80% des crises cardiaques pourraient être évitées, révèle
une très sérieuse étude suédoise.
Pendant
onze ans, les chercheurs ont passé au crible les habitudes de vie de
plus de 20.000 Suédois âgés de 45 à 79 ans. Résultat: le risque
d'être terrassé par un infarctus du myocarde devient quasiment nul
chez les hommes qui ne fument pas, marchent 40 minutes par jour et
pratiquent une heure d'exercice par semaine, ne consomment pas plus
d'un verre d'alcool par jour, mangent régulièrement des fruits,
légumes, noix, graines et poissons et dont le tour de ventre ne
dépasse pas les 94 cm, selon .les résultats publiés dans le
Journal of the American College of Cardiology.
«Cette
étude vient nous rappeler que les mesures de prévention non
médicamenteuse sont d'une puissance considérable. Mais en même
temps, les hommes qui suivent toutes ces mesures représentent
uniquement 1% de la population observée», souligne le Dr François
Paillard, responsable du centre de prévention cardio-vasculaire du
CHU de Rennes.
Pas de pilule magique
Avoir
une hygiène de vie irréprochable n'est certes pas très répandu
dans la population, mais l'étude a aussi montré que chaque
comportement sain adopté protégeait le cœur. Ainsi, avoir une
alimentation riche en fruit et légumes et fruits à coques,
intégrant peu d'aliments transformés et de matières grasses
diminue de 20% le risque d'une crise cardiaque. Si vous y ajoutez une
consommation faible à modérée d'alcool, il chute de 35%… Et vous
atteignez 64% de réduction si en plus vous arrêtez de fumer et
pratiquez une activité sportive.
«Il
faut rappeler aux gens qui attendent une pilule magique ou une
nouvelle technologie moderne pour empêcher les maladies cardiaques
que le mode de vie joue énormément. Prévenir la première crise
cardiaque mène à de nombreuses années de bonne santé et diminue
le risque de handicap une fois qu'on est âgé», écrivent les
auteurs de l'étude suédoise.
En
France, quelque 56.000 personnes sont hospitalisées chaque année
pour un infarctus du myocarde, qui demeure l'une des principales
causes de décès. Or l'on connaît le poids des cinq principaux
facteurs de risque: les conduites alimentaires (10% de la charge de
morbidité), le tabagisme (9%), l'hypertension artérielle (7,5%), le
surpoids et l'obésité (7%) et l'alcool (6,5%), selon les données
du livre blanc de la Fédération française de cardiologie pour un
plan cœur, qui sera dévoilé le 9 octobre prochain. Adopter un mode
de vie sain apparaît bien comme la panacée pour lutter contre
l'infarctus et, plus généralement, contre les maladies
cardio-vasculaires.
10.000 pas par jour
Sur
le papier, le bénéfice attendu est facilement chiffrable. La
réalité est malheureusement plus complexe. «En termes de
population, vous obtenez un bénéfice important à moindre coût.
Mais faire de la prévention primaire va au-delà du seul aspect
thérapeutique», insiste le Pr Philippe Amouyel, professeur
d'épidémiologie et de santé publique à Lille.
Bouleverser
les habitudes alimentaires ou faire maigrir une population ne se fait
pas d'un claquement de doigts… Mais l'inciter à bouger est un
objectif à portée de main. C'est pourquoi la région
Nord-Pas-de-Calais, connue pour être en tête du palmarès des morts
prématurées par maladies cardio-vasculaires, va mettre en place un
plan de lutte contre la sédentarité, annonce au Figaro
Philippe
Amouyel. Comme le rappelle l'étude suédoise, il ne s'agit pas de
transformer toute la population en sportifs de haut niveau, mais de
l'inciter à pratiquer 30 minutes d'activité physique ou à
effectuer 10.000 pas par jour. Or, à peine plus de la moitié des
Français ayant entre 18 et 64 ans atteindraient ce seuil.
Des bénéfices rapides
«Nous
devons sensibiliser nos enfants. Ils bougent de moins en moins et
nous pouvons craindre une remontée de la mortalité
cardio-vasculaire», met en garde le Pr Claire Mounier-Vehier,
vice-présidente de la Fédération Française de Cardiologie. Pour
la spécialiste, le message zéro cigarettes, 5 fruits et légumes
par jours et 30 minutes d'exercice quotidien doit être répété
inlassablement. «Aujourd'hui, les risques sont identifiés. La vraie
difficulté et de délivrer des messages positifs pour qu'ils soient
acceptés. Nous devons transférer notre connaissance aux patients
pour qu'ils deviennent acteurs de leur santé», insiste le Pr Claude
Lefeuvre, président de la Fédération. Pour faire en sorte que la
maladie ne s'installe pas. Car, comme toujours en médecine, «mieux
vaut prévenir que guérir».
Et
il n'est jamais trop tard pour s'y mettre. «Il semble bien que même
après 45 ans, les bénéfices d'une modification du mode de vie,
principalement arrêt du tabac et reprise d'une activité sportive,
apparaissent très vite», affirme le Pr Gabriel Steg, cardiologue à
l'hôpital Bichat. Tout en étant conscient qu'au niveau individuel,
la prévention demeure une loterie. «On a plus de chances si on suit
les recommandations, mais on ne gagne pas à tous les coups»,
rappelle Philippe Amouyel.
Par
Anne Prigent LE FIGARO.fr
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