Les
chutes sont souvent à l’origine d’une perte d’autonomie et
génèrent des dépenses de santé importantes. Environ 35 à 40% des
personnes de plus de 65 ans seraient victimes de chutes chaque année
et 5 à 15% de celles-ci seraient à l’origine de blessures graves
nécessitant une hospitalisation. Diminuer le nombre de chutes
constitue donc un enjeu important en terme de santé publique.
Les
aptitudes physiques ainsi que l’équilibre et la peur de tomber
sont des paramètres étroitement associés au risque de chute.
Aussi, il n’est pas surprenant que la pratique de l’exercice
physique ait été envisagée en tant que méthode d’intervention
pour en diminuer l’incidence. Pour les plus âgés et les sujets
fragiles, la pratique du Taï Chi semble pouvoir apporter un certain
bénéfice à tel point que les sociétés américaines et
britanniques de gériatrie l’ont considérée comme prometteuse
même si les études contrôlées demeuraient jusqu’ici peu
nombreuses. Après avoir montré les bénéfices de la pratique du
Taï Chi sur la qualité du sommeil, des investigateurs de l’état
de l’Oregon viennent maintenant de démontrer de façon très
claire les effets positifs de ce type de gymnastique douce sur le
risque de chute de sujets sédentaires de plus de 70 ans.
Il
s’agissait d’une étude contrôlée randomisée comportant un
groupe pratiquant le Taï Chi (125 sujets) et un groupe le stretching
(131 sujets). Au départ, tous les participants, âgés de 70 à 92
ans, étaient sédentaires et indépendants, indemnes de pathologie
susceptible de limiter leur participation aux exercices et sans
atteinte cognitive. Les exercices étaient effectués à raison d’une
heure, 3 fois par semaine, pendant 26 semaines. Les performances des
participants ont été évaluées en début d’étude puis à 3 et 6
mois (fin de la période d’intervention) et enfin 6 mois plus tard.
Les exercices de Taï Chi portaient essentiellement sur la prise de
conscience de l’alignement des différentes parties du corps, la
coordination des mouvements, le déplacement du poids corporel dans
différentes directions ainsi que des exercices de respiration
synchronisée. Les séances de stretching étaient basées sur des
étirements de la partie supérieure du corps en position assise ou
debout, accompagnés d’une respiration abdominale profonde.
La
compliance des participants aux sessions était relativement bonne
avec une participation allant de 30 à 77 séances pour le groupe Taï
Chi et 35 à 78 séances pour le groupe stretching. Au final, 80% des
sujets ont participé à au moins 50 séances dans chacun des
groupes, 95 participants du groupe Taï Chi ont terminé l’étude
contre 93 dans le groupe témoin. Au bout des 6 mois d’intervention,
une proportion plus faible de chuteurs était observée dans le
groupe Taï Chi (28%) que dans le groupe témoin (46%). La diminution
des chutes dans le premier groupe était particulièrement évidente
à partir du 3ème mois de pratique. Le nombre de chutes
s’accompagnant de blessures était significativement plus faible
dans le groupe Taï Chi avec un risque relatif de 0,31 (IC à 95% =
0,12-0,84) pour les blessures légères et de 0,28 (IC 95% =
0,09-0,86) pour les blessures nécessitant des soins médicaux. Par
ailleurs, une amélioration significative de l’équilibre était
observée dans le groupe Taï Chi pour les quatre tests utilisés :
échelle de Berg, Dynamic
Gait Index, Functional Reach test
et test d’équilibre sur une jambe. De plus, les sujets du groupe
Taï Chi montraient une amélioration de leurs performances physiques
évaluées selon un test de marche et le Up and Go test. En revanche,
aucune amélioration significative n’était observée dans le
groupe stretching. La peur de tomber était également plus faible
dans le groupe Taï Chi que dans le groupe témoin. Les bénéfices
de la pratique du Taï Chi se sont maintenus au cours des 6 mois qui
ont suivi, quel que soit le paramètre mesuré. Ainsi, l’incidence
des chutes était de 3,16/100 participant-mois dans le groupe Taï
Chi et de 8,96/100 participant-mois dans le groupe stretching.
Cette
étude randomisée confirme donc qu’une participation à un
programme régulier de Taï Chi peut diminuer de façon significative
les chutes chez des personnes jusque-là sédentaires. Les bénéfices
semblent résulter d’une amélioration de l’équilibre et des
performances physiques mais aussi d’une diminution de la peur de
chuter. La pratique du Taï Chi, qui ne semble pas présenter de
risque particulier, semble donc pouvoir être recommandée pour le
maintien du capital santé, même chez les plus âgés.
Sévérité et nombre de
chutes dans les deux groupes au cours des 6 mois d’intervention
|
Groupe Taï Chi
(n = 95) |
Témoins stretching
(n = 93) |
Nombre de chuteurs (%) |
27 (28)
|
43 (46)
|
Nombre total de chutes |
38
|
73
|
Patients ayant fait une chute avec blessure (%) |
7 (7)
|
17 (18)
|
Chutes avec blessures graves (%) |
5 (5)
|
14 (15)
|
Auteur :
G. Hamon - Successful Aging, Boulogne-Billancourt
Références :
Li F, Harmer P, Fisher J, McAuley E, Chaumeton N, Eckstrom E, Wilson
NL. Tai Chi and fall reductions in older
adults: a randomized controlled trial. J
Gerontol Biol Sci Med Sci. 2005; 60A:
187-194.
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